Lettres à...
Dans ces pages, tu trouveras des lettres : elles te sont toutes adressées… aujourd’hui ou hier ! Elles te diront les petites choses de la vie… et d’un lieu, surtout, où le silence des hommes offre à la terre son repos… Liras-tu ?
lundi 25 janvier 2021
Une poule couvait un rat...
dimanche 10 janvier 2021
Une page blanche...
Voilà
quelque temps que je ne t’ai pas écrit… j’étais occupée ailleurs, à d’autres
écritures aussi.
Tu le sais bien, nous écrivons notre vie, avec parfois une saine angoisse de la page blanche : aujourd’hui devrait nous suffire, mais nous devons nous affairer à demain dans le même temps…
Et
puis j’écris des icônes.
Et
puis des histoires de saints.
Ça
occupe !
L’année
qui commence est belle comme cette page blanche. Qu’allons-nous écrire ensemble ?
À
chacun de se saisir de ce qui lui conviendra… certains gravent la pierre, d’autres
effleurent le sable, inventent des haïkus, méditent des koans, taguent les murs
désolés de nos villes et font chanter les couleurs… Si nous pouvions offrir,
non pas le malaise, mais le beau et le joyeux…
Mais
bien sûr nous le pouvons, alors bonne, belle et joyeuse année !
Je
marche dans la trace des chevreuils, me glisse dans la petite combe, j’écoute
les hulottes, je me réjouis d’entendre les sangliers, le blaireau qui s’affaire
sous les genêvriers…
Mon petit pote Mambo, électrisé par la pleine lune, course les chevreuils. Ceux-ci prennent la chose avec bonne humeur, ils se connaissent si bien !
Ils s’éloignent en trois bonds, se figent, Mambo aussi, oreilles dressées et regard luisant de Garou, riant de toutes ses dents. Chacun attend, une esquive, un faux départ… mon ami Norbert fait voler quelques feuilles d’un pied faussement rageur et c’est Mambo qui fuit en trois bonds, se fige… etc.
La lune les peint en bleu.
La
difficulté, c’est de récupérer mon jeune ami avant deux heures du matin !
Ami, cette année qui commence est déjà surprenante. Les poules et les oiseaux se sont mis à couver. J’ai un poussin à damier, joli comme Arlequin. Minuscule. Opiniâtre. Bien sûr, j’ai veillé à le garder à l’abri, dans les premiers jours, tout le poulailler s’en est trouvé confiné : c’est à la mode. Il leur a fallu attendre un franc soleil pour retrouver la liberté.
Le
ciel est peint à tempera, ce soir. Le soleil s’est laissé glisser sereinement,
déclinant un bon plein de douceurs saumonées…
Que tes rêves soient doux.
samedi 12 septembre 2020
Prends bien soin de toi... réflexions sans importance
Ami-e,
Un cri tout à l’heure m’a
cueillie sous les cèdres… « Prends bien soin de toi ! Quelle horreur ! »
Pardon, d’abord, d’avoir proféré cette horreur mais du coup, en marchant, je l’ai mâchée…
Un goût de montagne, un soupçon d’Espagne ou des régions Andines…
Une tendresse peut-être, relevée de menthe poivrée : c’est une interpellation… impératif oblige… ou une invitation à l’égocentrisme ?
Un sincère intérêt ?
Ici, sur ce causse nu, cette
horreur dit « Tu es aimé-e… »
Elle chuchote que tu es précieux,
ami-e, comme la bien-aimée du Cantique, et combien ta présence ici est
indispensable…
Que cette vie t’est confiée,
peut-être, que tu en es dépositaire mais non propriétaire, et qu’il faudrait
donc la recevoir comme telle pour en prendre soin ?
Est-ce là que tu peines ?
Avons-nous été jetés dans la vie
comme on lance un galet dans l’océan pour le voir malmené par les vagues ?
Sommes-nous traversés par un amour dont nous ignorons tout et qui, pourtant, nous paraît irriguer l’univers… et dans ce cas, ne faut-il pas le laisser être en nous et prendre soin de notre corps qui dans un même temps le contient et l’exprime ?
Sommes-nous un miracle biologique, ce qui suffit amplement à notre émerveillement ?
Les galets enchantent les enfants
qui les ramassent, l’amour nous fonde, quels que soient les malentendus sur le
mot, et la naissance d’un petit est toujours un miracle…
C’est toujours la vie qui se donne… non ?
Bien-aimé-e,
Prends bien soin de toi et des
autres parce que c’est la même chose, bien sûr,
Et que tes rêves soient féconds…
vendredi 21 août 2020
Cahors...
De longues jupes pudiques qui couvrent les chevilles et tout à coup se fendent haut sur une cuisse blonde. Des pantalons larges et flous qui s’envolent, et une paire de jambes admirables, des jambes de pur-sang aux tendons nets et fins… que l’humanité est belle… Un chien moustachu m’éclabousse de bave, un rire monte et se casse, couvrant un instant la batterie. Et quelle batterie : j’en ai la colonne vertébrale affolée !
Le visage bouleversé de rires et de larmes, ou bien était-ce de l’eau ?..
Elle a traversé la place en dansant pieds nus, épousée par la pluie, au rythme des djembés…